Dans la Plaine des Morfonds

L'homme courait aussi vite qu'il le pouvait. Le Baron lui avait dit qu'il lui donnerait 5 minutes d'avance, ça lui laissait un mince espoir de s'en sortir vivant.

Il ne devait pas avoir plus de 45 ans, il avait une petite barbe et des lunettes rondes. Il portait une tenue militaire, de couleur noire et verte. Sur son col, on pouvait aisément reconnaitre l'insigne du faucon des Atrèdes.

Il avait choisi de prendre la direction de la forêt car il avait l'intention de grimper à un arbre et de s'y réfugier. Les tigres-Laza ne grimpent pas aux arbres, tout le monde sait cela.


Un tigre-Laza, le soldat des Van Dorrenn en avait justement un devant lui. L'animal n'était pas dans sa cage, mais le soldat ne courait aucun risque. Quelques jours auparavant, on avait implanté un servo-stimulateur dans le cerveau du félin. Ce minuscule appareil bridait ses instincts de chasseur. Le soldat portait un émetteur sur son torse, maintenu par un harnais autour de son cou.

L'animal avait suivi du regard l'homme lorsque celui-ci s'était enfui à toutes jambes, mais il ne l'avait pas pourchassé. Il connaissait bien ce jeu, il y avait déjà joué à plusieurs reprises et à chaque fois, cela s'était terminé de la même façon. Et il attendait patiemment le signal d'attaque de son maitre.

Celui-ci porta la main à son oreillette.


Le soldat : Nous sommes prêts, Mon Seigneur.

Wladimir van Dorrenn : Nous allons bientôt voir si ces quatre séances d'entrainement ont porté leurs fruits. Je pense que nous avons suffisamment fait patienter notre jeune ami. Libérez-le.

Le soldat : A vos ordres, Mon Seigneur.


Le soldat pressa le bouton rouge sur l'émetteur. Désormais, le tigre était libéré de sa laisse électronique. Néanmoins, le soldat garda un doigt près du bouton noir, juste à côté du rouge. Il lui suffirait de l’enfoncer pour arrêter net le fauve si jamais il venait à l’attaquer. Mais l'animal ne lui prêtait déjà plus attention. Pour l’instant, il venait d’entamer sa progression en direction de l'homme.

Celui-ci s'était soudain aperçu que le tigre-Laza avait été relâché et qu'il s'élançait à sa poursuite. Il courut de plus belle, cherchant à lui échapper. Mais le félin était beaucoup plus rapide que lui et bientôt, il se rua à l'attaque. L'homme eut à peine le temps de se retourner une dernière fois que déjà le tigre était sur lui. Il mourut dans l'instant, la nuque brisée et le fauve entama son repas.


Le soldat : Faut-il le rappeler, Mon Seigneur ?

Wladimir van Dorrenn : Non, laissez-le finir, il l'a bien mérité.


Le Baron n'avait rien manqué de la scène, il avait tout suivi depuis le balcon de son palais.

Cela lui avait coûté énormément d'argent d'acquérir ce tigre-Laza, ainsi que ces hommes qui ressemblaient tous au Duc Féodor Atrèdes. Mais cela valait la peine : dans quelques jours, il ferait offrir l'animal en cadeau au souverain de Cardolane. Bien entendu, personne ne saurait jamais que le cadeau venait de lui...



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