Deuxième session extraordinaire du Landsraad

- Faÿkan Pathyne, Prince-régent des États Fédérés.




- Léto Atrèdes, Duc de Cardolane.




- Wladimir van Dorrenn, Baron du Dorbasse.




- Cassandra Écaz, Archiduchesse d'Écaz.




- Victor Moritani, Vicomte de Poritrin.




- Elrood IX, Archiduc de Saguenay.




- Maximilien Hagal, Duc de Troadie.




- Luther Pavonis, à la tête des Marches de Han.




- Làmmàr Corren, représentant de la Guilde.




Lorsque Mézénas n'était qu'un Duché de Francovie, il était d'usage qu'avant le couronnement d'un nouveau duc, le Conseil des Nobles se réunisse. Des siècles plus tard, lors de la création des États Fédérés de Mézénas, la noblesse mézène avait souhaité conserver cet usage et il fut décidé qu'avant que ne soit couronné un nouveau Prince-Padishah, le Landsraad se réunirait en session extraordinaire.

Tous les chefs des Grandes Maisons se rendirent à Kaïtaïn à bord des aéronefs faisant la liaison entre les fiefs-siridar et la capitale mézène. Une fois qu'ils furent arrivés dans le Grand Hall du bâtiment, il ne fallut guère de temps pour que les nobles se rassemblent par affinités. Les hommes passaient, les alliances demeuraient.

Le Duc Léto Atrèdes se rapprocha de l'Archiduchesse Cassandra Écaz et lui présenta ses condoléances pour la perte de sa soeur ainée. Ils furent bientôt rejoints par Maximilien Hagal, Duc de Troadie. De son côté, le Baron Wladimir van Dorrenn devisa avec le Vicomte Victor Moritani. Le Baron avait longtemps entretenu d'excellentes relations avec Hundro Moritani et il comptait prolonger cette alliance avec le jeune Victor.

A l'écart du reste des personnalités présentes, Luther Pavonis s'entretenait avec ses conseillers, tandis que Làmmàr Corren déambulait dans le Grand Hall, semblant perdu dans ses pensées, jetant de temps à autre des regards en direction de Pavonis.

Tout le monde attendait l'arrivée du Prince-régent.

La session extraordinaire durait depuis déjà de nombreuses heures. A tour de rôle, quelques-uns des chefs des Grandes Maisons se levèrent et prirent la parole.

Le Baron Wladimir congratula le Prince-régent pour son couronnement prochain, l'assurant du soutien de la Maison Van Dorrenn. Il parla essentiellement de la bonne santé de ses entreprises et des excellents résultats de l'exploitation de la savonite, qu'il avait confiée à son neveu Rabban. Ce dernier ne pouvait être là, en raison d'un très mauvais rhume attrapé au Kitchassa. Le Baron savait que personne ne croirait cette version des faits et que tout le monde serait convaincu que Rabban avait tout bonnement refusé de monter jusqu'à Kaïtaïn pour le couronnement. C'était précisément ce qu'espérait le Baron.

L'Archiduchesse Cassandra Écaz félicita à son tour Faÿkan Pathyne. Elle fit état d'un mal étrange qui semblait s'en prendre au bois-brouillard, ces arbres qui ont fait la réputation d'Écaz. Sous l'effet de la contagion, le bois pourrissait et des hectares entier d'arbres avaient dû être brulés. Elle dit suspecter une certaine autre Maison d'être à l'origine de la propagation de ce mal, mais sans la nommer. Cependant tout le monde comprit qu'elle parlait des Moritani, la rivalité entre les deux familles étant de notoriété publique.

D'autres nobles prirent la parole à leur tour, le plus souvent pour assurer le Prince-régent de leur soutien et pour lui souhaiter un très long règne.

Puis vint le tour du Duc Léto Atrèdes. L'instant était grave. Le jeune duc regarda ses proches, son mentat Thufir Nawak puis Duncan Wyoming, puisant chez eux toute la force dont il avait besoin pour ce qu'il allait dire.






Léto Atrèdes : Votre Majesté, Excellence, nobles et estimés collègues.

Comme cela a déjà été fait à de nombreuses reprises, je souhaiterais tout d'abord m'adresser à vous, Sire, pour vous renouveler mon allégeance et celle de toute la Maison Atrèdes.

Nous sommes tous rassemblés ici, à la veille d'un événement qui fera date, votre couronnement, Majesté. Succédant à votre père, vous monterez demain sur le Trône du Lion d'Or, étant le deuxième souverain à régner sur les États Fédérés de Mézénas.

Nous sommes tous rassemblés ici, nous représentons des peuples divers, unis dans une histoire commune et un destin commun. Et ces peuples se sont exprimés, chacun à leur tour, lorsque nous avons pris la parole.

Cependant, il y a un peuple qui n'est pas représenté ici, ou plutôt qui est si mal représenté ! Je suis ici pour m'exprimer au nom de ce peuple qui ne peut pas le faire lui-même, un peuple qui subit une oppression chaque jour, un peuple qui subit de mauvais traitements : le peuple de Han !

Sire, nobles et estimés collègues, les Marches de Han sont aux mains de scientifiques et ces derniers exécutent sans pitié ceux qui se dressent contre eux !


Aussitôt, les conseillers de Scytale / Luther Pavonis se levèrent, criant au scandale et visiblement très en colère. "Comment osez-vous, Atrèdes ?", dit l'un d'entre eux. "C'est une honte, Sire, ce sont des accusations mensongères et nous exigeons des excuses !", dit un autre, s'adressant au Prince-régent.

Ferhig comprit soudain que l'espion qui avait été capturé à Vernii avait été envoyé par les Atrèdes. Voyant que son ami Faÿkan tardait à réagir, il se leva et demanda le silence.


Hasimir Ferhig : S'il vous plait, messieurs, un peu de calme ! Monsieur Pavonis, veuillez je vous prie tenir vos conseillers ! Duc Léto, comment dire... les accusations que vous portez sont très graves, pouvez-vous en apporter la preuve ?

Léto Atrèdes : J'ai le témoignage d'une personne sûre !

Un conseiller de Pavonis : Le témoignage d'un menteur, vous voulez dire !

Hasimir Ferhig : S'il vous plait, gardons notre calme ! Duc Léto, vous comprendrez qu'un témoignage n'est pas suffisant.


Ferhig se tourna vers le Prince-régent. Ce dernier se leva et s'avança pour prendre la parole à son tour.


Faÿkan Pathyne : Je demande une suspension de séance de quelques minutes. Je dois me retirer pour conférer avec mon conseiller.


Puis il se retira, faisant un geste à Ferhig pour lui demander de le suivre. Ils s'isolèrent dans une pièce insonorisée, à l'écart des oreilles indiscrètes.


Faÿkan Pathyne : Ah bravo, Hasimir, je te félicite ! Voilà où nous mènent tes idées ! J'aurais dû tout arrêter quand tu m'as dit avoir comploté pour supprimer les Vernius et mettre ce Scytale à leur place ! Mais une question me taraude : comment l'Atrèdes a-t-il su ? Comment est-il au courant de la présence des scientifiques à la tête des Marches de Han ?

Hasimir Ferhig : Hmmm... je pense que ce sont les Atrèdes qui ont envoyé cet espion que nous avons fait prisonnier il y a quelques jours.

Faÿkan Pathyne : D'accord. A présent, qu'allons-nous faire, Hasimir ? Si tout est découvert nous sommes perdus ! Je dois être couronné demain et je n'ai pas l'intention d'abdiquer avant même d'être monté sur le trône !

Hasimir Ferhig : Demande l'envoi d'une commission d'enquête, d'ici à ce qu'elle arrive à Vernii, il se sera écoulé plusieurs semaines et nous aurons le temps de faire disparaitre tout ce qui nous relie à Scytale !

Faÿkan Pathyne : Une commission d'enquête, oui, c'est une excellente idée, faisons cela ! Mais franchement, mon ami, tout cela arrive par ta faute et tu as intérêt à ne plus agir dans mon dos !


Quelques instants plus tard, Faÿkan proposa l'envoi d'une commission d'enquête dans les Marches de Han. Cette proposition fut acceptée par les Grandes Maisons du Landsraad. Léto prit la parole à nouveau.


Léto Atrèdes : Une commission d'enquête prendra certainement un certain temps avant d'être mise en place. Mais les Atrèdes pourraient ne pas attendre aussi longtemps avant d'agir.


Sur ces dernières paroles, la session extraordinaire du Landsraad fut close. Demain aurait lieu le couronnement de Faÿkan et tout le monde voulait être frais et dispo pour cet événement.