Réception des hôtes étrangers pour la fête nationale

La Chancelière salua le souverain en esquissant une discrète révérence puis serra la main de l'Ambassadeur.

Carole Asselin : Altesse, ravie de vous revoir. J'espère que votre voyage a été des plus agréables. Avez-vous goûté certaines de nos spécialités ?

Rodan reconnut la Chancelière qu'il avait eu le plaisir et le privilège d'accueillir à Tealys. Il la salua d'une accolade spontanée, qu'il accompagna d'un sourire ravi.

- Excellence, le plaisir est partagé ! Le voyage a été fort agréable, je vous remercie ! Je n'ai pas encore eu le loisir de goûter. A vrai dire, je ne savais pas si j'en avais encore le droit. Dans mon pays, la règle d'or est d'attendre que celui qui invite commence à manger, avant de déguster soi-même. Votre gastronomie m'intéresse cependant ! Peut-être auriez-vous un conseil à me donner pour débuter cette mise en bouche ?

Carole Asselin : À cette question, un Mézène vous donnera toujours la même réponse : "Prenez de tout et en grandes quantités !" Allez-y, faites-vous plaisir !

Le Président pryan et sa compagne, dont on apprit qu'elle s'appelait Constance Joly, ce qui lui allait fort bien, se joignirent à ce moment à la discussion.

Hans Iogène : Si je puis me permettre, Sire, je vous conseille les mini-brochettes de lochon, dont je suis un grand amateur. Très heureux de vous rencontrer, voici ma compagne, Constance. Pour en revenir au lochon, les Mézènes ont coutume de dire que c'est, je cite l'adage, "la viande la plus succulente de ce côté du Paradis", et elle mérite amplement cette définition. En revanche, n'essayez pas de savoir comment cette viande est obtenue, c'est un autre conseil que je vous donne.

Constance Joly : L'animal dont elle est issue est obtenu par manipulation génétique, rien de bien extraordinaire à cela. En revanche, c'est surtout l'aspect repoussant de l'animal qui pourrait vous dissuader d'en manger, de quoi devenir végétarienne !

Une autre personne s'invita alors dans la conversation, Tomàs Àschen, Ambassadeur de la toute-puissante Guilde des Navigateurs auprès du Prince-Padishah. Par son monopole sur les voyages micronationaux et intermicronationaux, la Guilde est une véritable force politique au point qu'elle dispose d'un siège au Landsraad, l'assemblée des Nobles de Mézénas.

Les Navigateurs ne sont pas connus pour leur sociabilité, vivant presque reclus et n'entrant que rarement en contact avec le reste de l'humanité. D'où peut-être leur manque de tact, ce dont ils ne se préoccupent guère.

Tomàs Àschen : Le lochon a été créé en laboratoire, c'est un croisement entre un cochon sauvage et une limace géante. L'animal est en effet repoussant, il n'a pas de pattes, il possède deux ou parfois trois groins avec lesquels il fouille le sol à la recherche de nourriture. Il laisse une trainée baveuse sur son passage et ses excréments ont une odeur abominable. Je vous souhaite à tous bon appétit.

Le Navigateur s'éloigna ensuite, indifférent à la gêne ou au dégoût qu'il venait de créer.

Rodan écouta les conseils de la Chancelière Asselin et commença à se servir. Il salua respectivement le Président Iogène et sa compagne. Leurs informations sur la viande de lochon furent particulièrement intéressantes.

- Allons-y pour les mini-brochettes de lochon, dans ce cas !

Il fut intrigué par la méthode avec laquelle cet animal était obtenu. Une manipulation génétique ? Ca n'avait rien de très naturel et en Eiraen, ça risquait probablement de faire jaser. Cela dit, l'île n'en était pas encore au point où elle était en mesure d'ouvrir son économie. Alors pour le moment, il existait peu de probabilité que cela ne se retrouve sur les étals du royaume. Une nouvelle personne se joignit à la conversation. Un peu rustre et direct. Cela fit sourire le Roi qui concéda, alors que le navigateur s'éloignait d'eux :

- Par chance, nous n'en mangeons ni la bave, ni les excréments. Le goût est très subtil, je comprends pourquoi vous l'appréciez !

Dans les faits, Rodan ne mangerait pas du lochon à tous ses repas, mais il en appréciait la saveur. Il se demanda si l'on avait créé cet animal pour son goût ou s'il avait une autre utilité. Profitant de la présence du Président pryan, il demanda :

- Excellence, à l'occasion, j'aurais souhaité que nous nous entretenions vous et moi pour discuter d'un traité de reconnaissance mutuelle entre Prya et Eiraen. Bien sûr, ce n'est pas le lieu mais je souhaitais vous en parler, puisque je vous rencontre en personne. Nos deux pays ont les mêmes intérêts pour la préservation de notre environnement. En cela, nous sommes, je crois, très proches.

Le Président pryan reposa la mini-brochette dans son assiette. S'étant intéressé aux expériences menées sur la génétique à Mézénas, il savait tout ce qu'il y avait à savoir sur le lochon, bien qu'il réussissait à en faire abstraction lorsqu'il mangeait de cette viande. Mais après l'exposé de l'Ambassadeur de la Guilde, qui avait su choisir ses mots, il avait perdu tout appétit. Il se servit un verre de vin pétillant de Cardolane, le but d'un trait, puis répondit au souverain d'Eiraen.

Hans Iogène : Ma foi, Sire, il est vrai qu'il sera difficile de trouver un endroit pour discuter d'un traité entre nos deux pays, mais peut-être pourriez-vous passer par Kaora avant de rentrer à Eiraen. Qu'en dites-vous ?

- C'est exactement ce à quoi je pensais. Si cela vous convient, j'aviserai mon équipage pour leur préciser que nous ferons un léger détour vers Kaora. Une fois que les festivités seront terminées !

Il se servit à son tour un verre de vin pétillant de Cardolane et le goûta, pour en apprécier les saveurs. Il découvrait beaucoup de choses. Par exemple, en Eiraen, le vin était une denrée rare que très peu de gens connaissaient. Etant donné le climat et la flore locale, il était plus facile d'obtenir d'autres alcools plus "bruts". A l'instar de la Beerness, une bière brune qui rappelait le mélange d'un café fort et d'un chocolat légèrement amer. Observant les capsules de CO2, il fut quelque peu intrigué par leur utilité.

- Vin de Troadie ou vin de Cardolane.... quelqu'un pourrait m'expliquer quelle est la différence entre les deux ? Comment est-ce obtenu ? Nous n'avons pas de vins en Eiraen, nos distilleries et nos exploitations ne font que des alcools bruts.

Le président krasslandais qui venait d'arriver dans la salle vint se joindre aux convives. Depuis son élection il avait eu peu de contacts avec ses homologues étrangers en raison du report des sommets de la LEM et il était heureux de pouvoir enfin s'entretenir avec d'autres chefs d'Etat.




Notger Schlecht : - Chez nous au Krassland on boit surtout de la Krassbier mais on a aussi une production vitikole, en partikulier le célèbre vin pétillant de Krassau riche en gaz karbonike.

Wladimir van Dorrenn : J'avoue que pour ma part, je préfère une bonne Krassbier, plutôt que ces vins qui ne sont pour moi que de la pisse de lochon (1) ! Bien, il me tarde de passer à table, toutes ces mignardises m'ont ouvert l'appétit !

Dès son arrivée le Baron s'était précipité vers le buffet. Son appétit, à tous les égards, était connu de tous et cela se voyait. Il devait peser plus de 200 kilos, ses jambes ne pouvait plus le porter et il ne pouvait plus se déplacer normalement, pour cette raison il avait autour de la taille une ceinture de suspenseurs qui le faisait littéralement flotter à environ vingt centimètres du sol.



(1) : expression mézène employée pour qualifier un vin avec un taux d'alcool très faible. Équivalent de la "pisse d'âne".

...

C'est le moment que choisirent les membres de la Maison Atrèdes pour rejoindre la salle de réception.

Léto Atrèdes : Mon père disait "Il y a une civilisation du vin, c'est celle où les hommes cherchent à mieux se connaître pour moins se combattre" (il se tourne vers le Président krasslandais) Je suppose qu'on peut en dire autant de la Krassbier.

Le Baron ne répondit rien, il se tourna vers le buffet en haussant les épaules et saisit quelques amuse-bouche de ses gros doigts épais. Ça n'était un secret pour personne, les Van Dorrenn haïssaient les Atrèdes.

Le Duc Léto, Seigneur de Cardolane, région frontalière du Dorbasse était accompagné de sa concubine, Dame Jessica et leur fils Paul. Le maître d'armes des Atrèdes, Neel Gurney, était chargé de leur sécurité.

Contrairement aux Mézènes les plus riches et à la plupart des Nobles de Mézénas, à commencer par le Prince-Padishah lui-même, le Duc Léto n'utilise guère l'Épice gériatrique, qui augmente l'espérance de vie et permet de conserver toute sa jeunesse. Ainsi, alors qu'il a sensiblement le même âge que le souverain mézène, il parait plus vieux que lui.

Le Duc qui avait entendu la conversation en entrant dans la pièce se rapprocha du souverain d'Eiraen.

Léto Atrèdes : Sire, permettez que j'apporte une réponse à votre question. Le vin de Troadie et le vin pétillant de Cardolane diffèrent déjà par leur cépage. Bien que les deux régions soient toutes les deux en bord de mer, les vignobles de Cardolane se situent plus vers l'intérieur des terres. De plus, le vin de Troadie est un vin rouge, il n'est que très peu sucré, ce qui lui vaut son nom de vin amer, alors que le vin de Cardolane est un vin blanc et c'est de plus un vin pétillant. (1)

Si vous voulez, je pourrais vous en faire livrer quelques bouteilles !



(1) : c'est en fait l'équivalent inlude du champagne, sans doute comme le vin pétillant de Krassau.

Le toparque skotinec se joignit au groupe, une coupe de vin à la main.



Brasidas Spyros : - En tout cas ce vin mézène est délicieux. Nous produisons aussi du vin au Skotinos mais ce sont des produits locaux qui s'exportent encore très peu contrairement à nos bières. Il est vrai que notre bière est produite par des grandes brasseries qui ont bien plus de moyens que les petits viticultueurs. Il faudra que je songe à un moyen de mieux promouvoir nos produits de la vigne.

.....

Le Prince-Padishah se montra enfin. À ses côtés se trouvaient son épouse, Dame Anirul et leur fille aînée, Irulan. Leur autre fille, Wensicia, était souffrante et ne pouvait être présente. Josifa et Rugi étaient encore trop jeunes et étaient restées auprès de leur nounou.

Hasimir Ferhig, le plus fidèle conseiller de Shaddam IV et aussi son ami d'enfance, s'était joint à la famille royale et bien sûr, il était accompagné de son épouse, Dame Margot.

Dernière personne à se joindre à la réception d'accueil, Laïus Helen Molham, Révérende Mère et rectrice de l'École des Bene Tesserite, un ordre féminin que l'on rencontre souvent dans l'ombre du pouvoir. La propre mère du Prince-Padishah, son épouse, ainsi que Dame Margot Ferhig et Dame Jessica Atrèdes sont elles aussi des Bene Tesserite. Sorcières pour certains, manipulatrices pour d'autres, les Bene Tesserite n'avouent qu'un seul objectif : l'amélioration de l'espèce humaine et pour cela, elles ne pensent pas en mois, ni même en années, mais en générations.


Shaddam IV : Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à Mézénas pour célébrer ensemble notre fête nationale ! Cela fait bien longtemps que Mézénas n'avait pas accueilli autant de chefs d'État et je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation !

Dans moins d'une demi-heure, nous allons pouvoir nous diriger vers une autre pièce où nous prendrons un succulent repas. C'est mon épouse, Dame Anirul, qui a préparé le menu.


Après ce discours d'accueil, le souverain descendit les marches et se dirigea vers le buffet. Les autres personnes le suivirent ensuite.

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Le Président de la République de Mézée arriva alors. Bernard Futon, son Ministre des Affaires Internationales, l'accompagnait.

Jean-Yves Baudry : Pardonnez mon retard, j'espère que je n'ai rien raté ?

Un domestique se présenta alors et s'approcha du souverain pour lui murmurer discrètement quelques mots à l'oreille.

Shaddam IV : Puis-je avoir votre attention ? J'ai le plaisir de vous annoncer que notre dîner est prêt ! Nous pouvons passer à table dès à présent !


Tout le monde suivit le Prince-Padishah et se rendit dans une autre salle.