Troisième session extraordinaire du Landsraad

Après plusieurs jours de préparation, le procès allait enfin pouvoir commencer. Le Vicomte Victor Moritani et le Duc Maximilien Hagal s'assirent à leur place respective. Léto s'était assis, face à la Cour, Thufir Nawak était à ses côtés.

On s'interrogea sur l'absence de l'Archiduc Elrood IX. Maximilien Hagal, Président de la Cour du Jugement, prit la parole.


Maximilien Hagal : L'Archiduc Elrood IX est absent mais il ne le sera pas longtemps. On me dit qu'il se trouve en ce moment à l'École des Bene Tesserite, afin que son fils se choisisse une épouse...

Victor Moritani : A moins que l'Archiduc ait lui-même besoin de prendre femme ! Pourtant, le veuvage lui convient très bien, me semble-t-il !


Quelques rires gênés dans l'assistance. Le procès allait bientôt commencer...

Le souverain de Poritrin se pencha et s'adressa à l'Archiduc Elrood, en veillant à n'être entendu que par lui et par le Duc Maximilien.


Victor Moritani : Oui, bien sûr, Monsieur l'Archiduc. Nous n'avons aucun doute sur l'urgence de ce qui vous retenait.

Maximilien Hagal (à ses deux collègues) : Allons, allons, messieurs, gardons un peu de dignité, voulez-vous ? (à voix haute et pour toute l'assistance) Bien, nous sommes donc ici pour le Jugement par Forfaiture de Son Altesse le Duc Léto Atrèdes de...

Victor Moritani : Veuillez m'excuser, Duc Maximilien, mais Monsieur Atrèdes n'a plus aucun titre et vous ne pouvez donc l'appeler Altesse ni même Duc.

Maximilien Hagal (après un soupir) : Vous avez raison. Donc, disais-je, le Jugement par Forfaiture de Monsieur Léto Atrèdes, à la suite de l'incident qui s'est déroulé à bord de...


Le Président de la Cour n'eut pas le temps de finir sa phrase. La lourde porte s'ouvrit et le Prince-Padishah Shaddam IV entra, escorté par des Sarraudar d'élite.

Le souverain remonta la salle sur toute sa longueur, sans un seul regard pour Léto quand il passa à sa hauteur. Les Sarraudar allèrent se poster derrière Léto et son mentat, ce qui provoqua l'inquiétude de ces derniers.

Puis Shaddam IV se retourna, faisant face à toute l'assistance. Son visage était grave, impassible. "Mon message l'a-t-il offensé ?", s'interrogea Léto. "Va-t-il m'anéantir ici, devant tout le Landsraad ? Qui pourrait s'y opposer ?"






Shaddam IV : Avant que ce procès ne commence, j'ai une déclaration à faire. La cour m'y autorise-t-elle ?

Maximilien Hagal : Eh bien, Sire... Nous sommes honorés de votre présence et bien entendu, vous pouvez vous exprimer. Nous vous écoutons.

Shaddam IV (désignant Léto du doigt) : Je souhaiterais que mon cousin se tienne à mes côtés.


"Mon cousin ?", songea Léto, tout en consultant son mentat du regard. Ses pensées s'accélérèrent. "Pourquoi m'appelle-t-il son cousin ? A la façon dont il l'a dit, on dirait que nous sommes amis, mais jamais lui et moi n'avons été proches. Après tout, je ne suis qu'un cousin très éloigné, son arbre généalogique s'étend à travers toutes les Maisons du Landsraad et pour lui, les liens du sang ne signifient rien du tout."

Lentement, prudemment, Léto se leva puis il rejoignit le souverain mézène. Il se plaça à ses côtés, tous les deux faisaient à peu près la même taille.


Shaddam IV : J'ai l'intention de réfuter les stupides accusations dont Léto Atrèdes est l'objet et, je l'espère, d'éviter aux membres de cette Cour de gaspiller un temps précieux.

Le père de cet homme, le Duc Féodor Atrèdes, s'est battu bravement lors de la Guerre contre les Machines Pensantes, à Corryn, mais aussi au Pont de Hrethgir. A travers les combats et en ayant affronté tous les dangers, jamais à ma connaissance la famille de cet homme ne s'est rendu coupable d'une traitrise ou d'un acte déshonorant. Jamais elle n'a été accusée de meurtre ou de lâcheté, je défie quiconque de prouver le contraire !


Le Prince-Padishah balaya la salle d'un regard menaçant. Pas un bruit ne brisa le silence qui s'était installé.


Shaddam IV : Qui d'entre vous pourrait en revendiquer autant ? Qui a démontré au cours des années une telle loyauté, un tel honneur sans faille ? Bien peu, en vérité, peuvent se comparer à la Maison des Atrèdes.

Et Léto Atrèdes a été éduqué dans ses valeurs, elles lui ont été transmises par sa famille. A mon avis, il aurait été impossible à cet homme d'ouvrir intentionnellement le feu sur un homme sans défense, comme on voudrait l'en accuser. Un tel acte serait aberrant au regard de toutes les convictions des Atrèdes. Et ma Diseuse de Vérité m'a confirmé la sincérité de Léto Atrèdes quand il a dit être innocent !


"Mensonges ! Je n'ai jamais parlé à sa Diseuse de Vérité !"


Victor Moritani : Mais, Votre Majesté... les preuves sont indiscutables ! Les empreintes de Léto Atrèdes ont été retrouvées sur l'arme du crime et...

Shaddam IV : Les déclarations de Léto Atrèdes me suffisent. Et je demande donc à cette Cour de mettre un terme sans plus attendre à ce procès qui n'a pas lieu d'être.


Shaddam IV venait d'entamer son règne, il était le Prince-Padishah et maintenant qu'il s'était exprimé, celui qui voterait la condamnation de Léto le défierait ouvertement.


Maximilien Hagal : Eh bien, je pense que mes collègues seront d'accord avec moi, je n'ai pas d'autre choix que de déclarer que les accusations portées contre Léto Atrèdes sont sans fondements. Et à la lumière de l'extraordinaire témoignage de Sa Majesté Sacrée, je déclare Léto Atrèdes totalement disculpé. Que tous ses biens, ses possessions et ses titres lui soient restitués !


Léto restait sans voix, tandis que Thufir Nawak se précipitait vers lui pour manifester sa joie ! La Cardolane avait de nouveau un Duc !