Bureau du Ministre

La Chancellerie et les différents ministères se trouvaient tous dans le même bâtiment. Cela présentait l'avantage de ne pas avoir à faire un long trajet pour pouvoir se rendre d'un ministère à l'autre.

Daniel Raspail avait le nez plongé dans un magazine gay (il resta d'ailleurs de longues minutes à regarder la page centrale) quand le Chancelier fit irruption dans son bureau.


Étienne Minnaud : Ça va, Daniel ? Je te dérange pas trop dans ton travail ?

Daniel Raspail (rangeant précipitamment le magazine) : Hein, quoi ? Ah, euh.. non, non, vas-y rentre ! J'étais justement en train de lire un rapport sur la délinquance... (s'efforçant de prendre un air concerné) Faudra vraiment qu'on fasse quelque chose pour le centre-ville de Kaïtaïn, tu sais, il y a une hausse de la petite criminalité. Et... euh... voilà, voilà... Tu souhaitais... Je dois.. Enfin, t'avais un truc en particulier à me dire ?

Étienne Minnaud : Oui, je viens de jeter un oeil aux décrets-lois pris par le Prince-Padishah et apparemment, celui qui concerne l'élection du maire de Kaïtaïn est caduc depuis un bon moment, vu qu'il a été rédigé il y a plus d'un mois. Je sais que tu as un agenda chargé mais tu crois que tu pourrais arranger ça ?

Daniel Raspail : Oui, oui, Étienne, je m'en occupe, t'inquiète pas !

Étienne Minnaud : Bon, je te donne 3 jours, ça devrait aller, je pense, non ?

Daniel Raspail : Oui... 3 jours, c'est... Oui, c'est cool, je te fais ça pour lundi. Pas de souci, ça roule.

Marielle de Falaise : Bon, Horteuil, vous m'avez demandé de passer vous voir. Êtes-vous en train de me dire que vous avez déjà réalisé ce sondage que je vous avais demandé ?

François de Horteuil : Oui, Madame la Chancelière, j'ai les résultats d'un sondage réalisé ce matin par téléphone. La population syldàve pense que nous ne devrions pas intervenir.

Marielle de Falaise : Faites voir. (elle lit le sondage) Ah ouais, quand même ! 53% pensent qu'on devrait rester en dehors de tout ça. Donc, en gros, les Syldàves mézènes se foutent de ce qui peut bien arriver à la Syldàvie du Sud ?

François de Horteuil : Je n'aurais pas dit les choses ainsi, mais en fait... oui, en tout cas pour une majorité d'entre eux.

Marielle de Falaise : Ça casse un peu le mythe des Syldàves, peuple uni, solidaire, au-delà des frontières.

François de Horteuil : Les Syldàves mézènes sont semble-t-il très individualistes. Je pense que ça vient du fait que dès le départ, ils se sont bien intégrés à Mézénas.

Marielle de Falaise : Bon, cela dit, ça n'empêche pas le gouvernement mézène d'avoir un avis sur toute cette histoire, on est bien d'accord ?

François de Horteuil : On est d'accord !

Marielle de Falaise : Parfait ! Très bon travail, Horteuil, je vous félicite !

François de Horteuil : Merci, Madame la Chancelière. Au fait, si je peux revenir sur cet autre sujet, avez-vous réfléchi à la proposition d'Antoine Landéry ?

Marielle de Falaise : Oui et son offre me plaît. Je me verrais bien rempiler à la Chancellerie. Vous pouvez contacter Landéry et lui dire que je mènerai la liste travailliste lors de la prochaine élection en juillet !

François de Horteuil : Très bien, je lui en fais part immédiatement !

Marielle, la tête légèrement dans le cul à cause de sa flémingite avec laquelle elle se battait à coup de cocktails vitaminés et de Kirana, passa en coup de vent au bureau de son Ministre de l'Intérieur. Ce dernier était au téléphone.


Marielle de Falaise : Au fait, je voulais vous dire... Truc... Enfin, vous, là !

François de Horteuil : Attends, quitte pas... (place sa main sur le combiné du téléphone) Mon nom est Horteuil, Madame la Chancelière. HOR-TEUIL !

Marielle de Falaise : Oui, d'accord... C'est pas important... Donc, faudrait que vous me rédigiez dans la journée une loi électorale, pour les députés du Parlement de la LEM. On aura une élection à la mi-juillet... ou à la fin août, plutôt, afin d'éviter que ça soit trop proche de la sénatoriale.

François de Horteuil : Entendu, Madame la Chancelière.


Après le départ de Marielle, le Ministre reprit sa conversation.


François de Horteuil : Oui, donc tu me mets 500 M$ sur Dahu du Krassberg dans la 2è... Gagnant, évidemment, gagnant !

Peyranne entra dans le bureau du Ministre de l'Intérieur. Plus tôt dans la matinée, il avait eu connaissance de sa cote de popularité et celle-ci n'avait pas bougé, il restait à 48% d'opinions favorables. Même s'il ne prêtait pas trop attention aux sondages d'opinion, en temps normal, cette nouvelle l'avait mis d'assez méchante humeur.


Jean Peyranne : Bonjour, Horteuil, j'ai un boulot à vous confier. Il faudrait que vous rédigiez une loi pour l'élection des députés de la LEM. Et c'est pas parce qu'on est vacances qu'il faut se reposer, je veux que les Mézènes sachent que le gouvernement travaille pour eux et...

François de Horteuil : La loi est prête.

Jean Peyranne : C'est... enfin, je veux dire... Ah oui ? Montrez-moi ça, que j'y jette un oeil !


Horteuil tendit le texte de loi au Chancelier qui le parcourut.


Jean Peyranne : Bon, eh bien il ne vous reste plus qu'à proposer cette loi au vote du Sénat. Et trainez pas, surtout, je veux que ça se fasse rapidement.

François de Horteuil : Très bien, ce sera fait dans la journée, Monsieur le Chancelier !


Peyranne repartit, déçu de ne pas avoir eu l'occasion de passer ses nerfs sur Horteuil. Il se rattraperait sur Morin, cet incapable n'aurait probablement pas avancé sur le projet d'espionnage des communications...

Charlotte, la secrétaire du Ministère de l'Intérieur n'avait guère été débordée de travail depuis l'entrée en fonction de Richard Amirus.

Elle arrivait à la Chancellerie Fédérale chaque matin, l'immense bâtiment de plusieurs étages abritait le bureau de la Chancelière de Palandier mais aussi celui des autres ministères. Après un bref passage à la machine à café, où elle papotait avec ses collègues des autres ministères, elle se rendait à son bureau, situé dans une pièce contiguë au bureau du Minstre. Et le plus souvent, elle passait la journée à pianoter sur son portable ou à passer des coups de fil personnels. Elle n'avait eu à s'occuper d'aucun dossier et cela lui allait très bien.

Marie-Hélène se rendit à l'étage du Ministère de l'Intérieur, elle salua brièvement Charlotte puis elle entra sans frapper dans le bureau du ministre mais ne vit personne. Passablement en colère, elle ressortit et alla voir la secrétaire.


Marie-Hélène de Palandier : Dites-moi... euh, c'est comment votre prénom, déjà ?

Charlotte : Charlotte, Madame la Chancelière.

Marie-Hélène de Palandier : D'accord. Je voulais savoir, vous avez vu Amirus, récemment ?

Charlotte : Pour tout vous dire, je n'ai presque jamais vu le ministre depuis sa nomination.

Marie-Hélène de Palandier : Je vois, il faut dire que je n'ai pas eu beaucoup de boulot à lui confier. Encore un qui va être payé sans avoir foutu grand chose. Bon, vous avez son numéro, je suppose, oui ?

Charlotte : En effet, Madame la Chancelière.

Marie-Hélène de Palandier : Bien, alors Charlotte, appelez le Ministre et dites-lui que je veux le voir dans mon bureau au plus vite !

Charlotte : Je m'en occupe tout de suite, Madame la Chancelière.



Marie-Hélène repartit, sans même avoir pris la peine de dire au revoir.

La Chancelière passa la tête par la porte du bureau d'Amirus.


Marie-Hélène de Palandier : Salut, je viens aux nouvelles. Ça va faire bientôt une semaine que je vous ai confié la rédaction de ce texte de loi, Monsieur le Ministre.

Donc, si vous voulez garder votre poste jusqu'à la fin de la législature, ça serait bien que vous me présentiez quelque chose rapidement. On s'est bien compris ?

La Chancelière rendit une petite visite à son nouveau Ministre de l'Intérieur.


Marie-Hélène de Palandier : Bonsoir, François. Vous devez être heureux de retrouver votre place !

Bien, va falloir vous mettre au boulot tout de suite, pas le temps de prendre vos marques. De toutes façons, c'est inutile, vous devez connaitre ce ministère comme votre poche, puisque vous y êtes entré pour la première fois il y a 8 mois et que vous ne l'avez quitté qu'en octobre. D'ailleurs, je suis sûr qu'à force d'avoir bossé ici, le fauteuil doit avoir gardé en mémoire la forme de vos fesses !

Mais revenons-en à votre boulot ! Je veux que vous m'écriviez une loi sur la perte de la citoyenneté. Vous me faites la totale, perte des différents emplois, publics ou privés, saisie des comptes, des actions et modalité de récupération de tout ça au retour du citoyen. Vous avez 48 heures.